samedi 27 mars 2021

Angola : à quand le freinage de la récession ?

Article original de Matteo Glineur

5e année de récession (-4%) et toujours pas de mesures concrètes prises par le gouvernement angolais. João Lourenço, dit «l’homme du changement», élu il y a 3 ans de cela, tarde à convaincre. Nous savons tous dans quelle misère est le pays et espérons tous que le slogan électoral se transformera en réalité. Est-ce seulement possible ?

 

Drapeau de l'Angola

La production pétrolière en Angola a enregistré une baisse de 16% en 2020 à cause du quota de réduction établi par l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP). Le prix du baril a lui-même considérablement baissé, mais ce n’est pas l’unique facteur déclencheur de cette crise. À la chute du prix de l’or noir depuis le milieu de l’année 2014 s’est en effet ajoutée la pandémie de la Covid-19. Résultat, l’inflation s’envole (21% en 2020), la monnaie nationale le kwanza dévisse, le chômage bondit officiellement à 34% et l’endettement public se creuse (à 123%).

 

                                          Actuel président de l’Angola, João Lourenço

Manifestations

Face à cela, nous ne sommes pas restés indifférents, et sommes nombreux, en tant que citoyens, à être descendus dans les rues pour proclamer notre désir de changement. Mais, le gouvernement n'accepte pas nos requêtes et pire encore ! ordre est donné à la police de faire répression, à coups de gaz lacrymogène généreusement  aspergés sur la foule, comme cela fut dernièrement le cas, le 11 novembre dernier à Luanda. Certains membres de la police ont eu l’audace de sortir leurs pistolets et de tirer à balles réelles !

Heureusement, aucun manifestant n’est ressorti blessé.

 

Des heurts ont opposé des manifestants à la police, à Luanda, Angola, le 11 novembre 2020. Osvaldo Silva / AFP

Corruption ?

Chacun a ses raisons de manifester, mais nous le faisons surtout pour notre pays, parce que nous l’aimons et que nous voulons que les crises perpétuelles causées par la chute du prix de l’or noir et la baisse du baril s’arrêtent. Je sais bien que l’Angola est le 2e plus grand exportateur de pétrole d’Afrique et que c’est logique, par effet mécanique, que la chute du pétrole mette le pays en difficulté, mais je doute qu’il n’y ait pas d’autre explication. 54% de notre population survivent avec moins de deux dollars par jour ! (d'après lemonde.fr). Selon certains politiques, tels que Raul Danda (vice-président du parti Unita), « Tout porte à croire que l’argent a servi à payer des dépenses de la présidence, les habituelles faveurs et autres actes de corruption du régime. » De fait, dans les 4 dernières années de la présidence Dos Santos, on estime que ce n’est pas moins de 30 milliards de dollars qui ont été récoltés pour, finalement, ne faire profit qu’au président et à ses proches. La corruption est systémique dans le mode de gouvernement : l'Angola a été placée en 2014 en 161e position sur 175 pays par l’ONG Transparency International.

A cause de cette crise, notre pays essaie d’acquérir toujours plus d’argent, notamment par de nouvelles taxes, une augmentation des prix en général, ce qui induit une diminution du pouvoir d’achat. Mais le grand problème, c'est que ce sont les familles le plus dans le besoin qui se retrouvent le plus en difficulté. En effet, avec l’amplification du coût de la vie et la forte augmentation du taux de chômage (30,6% au quatrième trimestre en 2020), la vie devient plus rude et beaucoup plus de familles pauvres se voient contraintes, pour survivre, de forcer leurs enfants à la mendicité. Si la vie dans notre pays, où seulement 36% des Angolais ont accès à l’électricité, continue de devenir plus coûteuse, il est possible que les familles pauvres sombrent dans la misère la plus totale, - et la désespérance… Une prise de conscience, au plus haut sommet de l’Etat, est nécessaire.

 


1 commentaire:

  1. Un discours qui montre surtout ton chagrin face à ce constat. Tu peux aller plus loin dans ton analyse...en tant que jeune citoyen actif (Dominique JUPITER V.)

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