samedi 27 mars 2021

Hymne au multiculturalisme : Foire d'art contemporain africain 1-54 à Paris

                                                                                       Article original d'Hélio Santo et Hugo Santos 

La francophonie, est célébrée chaque année le 20 mars, elle désigne la communauté des personnes, physiques ou morales, qui utilisent, totalement ou partiellement, le français comme langue - maternelle, d'usage, administrative, d'enseignement ou choisie. On parle désormais de francophonie avec un « f » minuscule pour désigner les locuteurs de français, et de Francophonie avec un « F » majuscule pour figurer le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays francophones, en particulier de l'Organisation Internationale de la Francophonie.

Un des thèmes défendus par la Francophonie est le multiculturalisme, qui est la coexistence de plusieurs cultures, souvent encouragées par une politique volontariste.

Alors que la mondialisation fait peser un risque d’uniformisation des cultures, la Francophonie est engagée depuis ses origines pour la diversité culturelle et linguistique dans le monde.

Pour la troisième année consécutive, le 21 septembre 2012, la Francophonie a participé au festival multiculturel d’Abbotsford au Canada : Abby Fest. C’est un événement haut en couleur qui célèbre aussi bien le multiculturalisme que les échanges entre les ethnies représentées dans cette grande région de la Vallée du Fraser.

Ici on s’intéressera à un événement plus récent, la foire d’art contemporain 1-54 à Paris chez Christie’s qui défend dans l’esprit de la Francophonie le multiculturalisme à travers la promotion de l’art contemporain, en aidant les peintres africains à gagner de la reconnaissance dans le monde des arts. 

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Le 18 (plateforme indépendante de création) s’est employé à organiser le 1-54 à Paris chez Christie’s, qui s’est déroulé du 20 au 23 janvier de cette année, pour la première fois, dans la capitale française. Cette foire tient des éditions annuelles à Londres depuis 2013, New York depuis 2015 et Marrakech depuis 2018. Faisant référence aux cinquante-quatre pays qui constituent le continent africain, le 1-54 est une plateforme durable et dynamique qui est engagée dans un dialogue et un échange contemporains. Il s’agit de la première foire d'art internationale consacrée à l'art contemporain d'Afrique. Elle a été fondée par Touria El Glaoui, une entrepreneuse franco-marocaine qui s’emploie à favoriser l’émergence d’un marché et à faire connaître l’art contemporain africain au niveau international.

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En ces temps de pandémie, l'objectif était plus spécifiquement de créer des liens qui puissent faciliter la connexion des artistes avec les conservateurs et les institutions. Malgré les restrictions sanitaires, le 1-54 fait en sorte que l’art et la culture continuent à vivre. Compte tenu de la situation, cette édition parisienne fut donc un événement intimiste, marqué par l’exposition de fabuleuses œuvres d’art et ponctué de conversations passionnantes. Afin de garantir la santé et la sécurité de chacun, 1-54 a mis en place, en collaboration avec Christie’s et conformément à la réglementation nationale française, des mesures sanitaires strictes, telles que l’allocation de créneaux de visite VIP (à réserver à l’avance en ligne au mois de janvier), un circuit à sens unique au sein de l’événement, le port du masque obligatoire, des stations de désinfection des mains et une capacité limitée et contrôlée en permanence.

L’art contemporain africain s'inspire aussi bien des traditions du continent que des réalités urbaines contemporaines de l'Afrique. Les techniques et les supports sont variés : peinture, installations avec projection vidéo, sculptures faites en matériaux de récupération.

À la fin des années 1960, l'art moderne et contemporain africain se définit par opposition à une forme artistique précoloniale qui est reliée à un peuple ou à un groupe culturel. L'art contemporain naît à la fin de la période coloniale avec l'apparition d'artistes qui ne sont plus les représentants anonymes d’un groupe social, mais des individus singuliers, identifiables par leur style. Cependant, sur la scène internationale, les artistes africains se font étouffer par les artistes européens et américains qui disposent de ressources pour se faire mieux connaître dans le monde des arts grâce à des galeries d’arts, des expositions ou des évènements artistiques.

Parmi les artistes africains ont participé à cet événement artistique, Souleimane Barry, né au Burkina Faso en 1980. Il peint des toiles oniriques, riches en symboles, de la diaspora africaine et de l'imaginaire collectif. Son esthétique a été influencée par les toiles de Francis Bacon et de Jean-Michel Basquiat.


Souleimane Barry, Mal Chaussé

Cette œuvre de Souleimane Barry, intitulée Mal Chaussé, illustre bien la manière dont elle peint ses toiles. Les éléments oniriques tels que les personnages déformés (pas de tête, juste un masque, bras étrange, pas de jambes) s’inspirent du surréalisme en donnant le primat à l’imagination et l’irrationnel, tout en traduisant un éclatement de la personnalité, révélateur des traumatismes de toute migration. Le tableau marque la rencontre entre deux mondes, l’Afrique et l’Europe : la femme, assise à gauche du tableau, connote l’Afrique, les oiseaux la luxuriance des forêts tropicales, quand les fils barbelés évoquent plutôt les frontières, ou les camps européens où l’on place les migrants, l’idée d’un voyage ou d’un passage difficile d’une vie à une autre. La femme, qui n’a pas deux chaussures identiques, porte les signes de sa misère, en même temps qu’elle a encore un pied dans le monde qu’elle vient de quitter et qu’elle n’est pas encore arrivée dans celui qu’elle cherche à atteindre.

Delphine Desane, née en 1988 à Paris, a été styliste de mode pendant 10 ans à Paris, Milan et New York, elle a commencé à peindre pendant le congé de maternité, et à partir de là sa carrière a changé de chemin. Elle commença donc à se consacrer entièrement au monde des arts où dans ses portraits féminins, elle s’inspire de sa propre expérience de mère et de femme noire. Issue de parents haïtiens, elle peint des sujets de la diaspora africaine et caribéenne, en majorité des femmes, qui pourraient lui être apparentées. 

On peut voir au premier plan une première femme buste de face, visage de profil, vêtue d’une robe blanche, le visage fermé, se touchant d’une main l’extrémité de ses cheveux longs et frisés lui revenant sur la poitrine. Elle se détache sur un fond aux couleurs très vives, où un rouge presqu’oppressant domine. Comme seule et hypothétique échappatoire, une toute petite fenêtre, d’un bleu azuré ou océanique en haut à droite. Superposant les plans, Delphine Desane représente au-dessus de son épaule gauche une autre femme (ou la même ?), nue, couchée sur le dos, comme perçue de haut par quelqu’un qui la surprendrait en plein sommeil dans son lit. Image d’une intimité surprise ? De l’ensemble se dégage une impression de sensualité féminine, mais aussi d’angoisse, teinté de mystère. Quelle est la cause de ce profond chagrin qu’évoque le titre du tableau : Deep sorrow ?


Delphine Desane, Deep Sorrow

Cristiano Mangovo, né en 1982 en Angola, vit et travaille à Lisbonne, au Portugal. Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Kinshasa, en République démocratique du Congo, il a reçu une formation complémentaire en scénographie et performance urbaines. 

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Cristiano Mangovo, The Murmurers

La représentation des êtres et des choses est ici fondée sur des visions angoissantes, cauchemardesques, en raison du processus de déformation du réel mis en œuvre par le peintre. Cette espèce de stylisation cherche à atteindre une grande intensité expressive. Cristiano Mangovo cherche en effet à libérer l'inconscient et il possible de voir, à travers cette esthétique de la monstruosité, un art de la protestation, avec une orientation sociale.

2 commentaires:

  1. L'art est indéniablement vecteur d'interculturalité. Vous avez artistiquement loué l'art contemporain en nourrissant également nos sens visuels. (Dominique JUPITER V.)

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  2. Bravo pour cet article très bien écrit sur ce que l'art africain peut apporter et dévoiler ! L'art africain doit davantage rayonner dans le monde, c'est certain :)

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