Article original d'Hélio Santo et Hugo Santos
La francophonie,
est célébrée chaque année le 20 mars, elle désigne la communauté des personnes,
physiques ou morales, qui utilisent, totalement ou partiellement, le français
comme langue - maternelle, d'usage, administrative, d'enseignement ou choisie.
On parle désormais de francophonie avec un « f » minuscule pour désigner les
locuteurs de français, et de Francophonie avec un « F » majuscule pour figurer
le dispositif institutionnel organisant les relations entre les pays
francophones, en particulier de l'Organisation Internationale de la
Francophonie.
Un
des thèmes défendus par la Francophonie est le multiculturalisme, qui est la
coexistence de plusieurs cultures, souvent encouragées par une politique
volontariste.
Alors
que la mondialisation fait peser un risque d’uniformisation des cultures, la
Francophonie est engagée depuis ses origines pour la diversité culturelle et
linguistique dans le monde.
Pour
la troisième année consécutive, le 21 septembre 2012, la Francophonie a
participé au festival multiculturel d’Abbotsford au Canada : Abby Fest. C’est
un événement haut en couleur qui célèbre aussi bien le multiculturalisme que
les échanges entre les ethnies représentées dans cette grande région de la
Vallée du Fraser.
Ici
on s’intéressera à un événement plus récent, la foire d’art contemporain 1-54 à
Paris chez Christie’s qui défend dans l’esprit de la Francophonie le
multiculturalisme à travers la promotion de l’art contemporain, en aidant les
peintres africains à gagner de la reconnaissance dans le monde des arts.
Le 18
(plateforme indépendante de création) s’est employé à organiser le 1-54 à Paris
chez Christie’s, qui s’est déroulé du 20 au 23 janvier de cette année, pour la
première fois, dans la capitale française. Cette foire tient des éditions
annuelles à Londres depuis 2013, New York depuis 2015 et Marrakech depuis 2018.
Faisant référence aux cinquante-quatre pays qui constituent le continent
africain, le 1-54 est une plateforme durable et dynamique qui est engagée dans
un dialogue et un échange contemporains. Il s’agit de la première foire d'art
internationale consacrée à l'art contemporain d'Afrique. Elle a été fondée par
Touria El Glaoui, une entrepreneuse franco-marocaine qui
s’emploie à favoriser l’émergence d’un marché et à faire connaître l’art
contemporain africain au niveau international.
En ces
temps de pandémie, l'objectif était plus spécifiquement de créer des liens qui
puissent faciliter la connexion des artistes avec les conservateurs et les
institutions. Malgré les restrictions sanitaires, le 1-54 fait en sorte que
l’art et la culture continuent à vivre. Compte tenu de la situation, cette
édition parisienne fut donc un événement intimiste, marqué par l’exposition de
fabuleuses œuvres d’art et ponctué de conversations passionnantes. Afin de
garantir la santé et la sécurité de chacun, 1-54 a mis en place, en
collaboration avec Christie’s et conformément à la réglementation nationale
française, des mesures sanitaires strictes, telles que l’allocation de créneaux
de visite VIP (à réserver à l’avance en ligne au mois de janvier), un circuit à
sens unique au sein de l’événement, le port du masque obligatoire, des stations
de désinfection des mains et une capacité limitée et contrôlée en permanence.
L’art
contemporain africain s'inspire aussi bien des traditions du continent que des
réalités urbaines contemporaines de l'Afrique. Les techniques et les supports
sont variés : peinture, installations avec projection vidéo, sculptures faites
en matériaux de récupération.
À la fin des années 1960, l'art moderne et
contemporain africain se définit par opposition à une forme artistique
précoloniale qui est reliée à un peuple ou à un groupe culturel. L'art
contemporain naît à la fin de la période coloniale avec l'apparition d'artistes
qui ne sont plus les représentants anonymes d’un groupe social, mais des
individus singuliers, identifiables par leur style. Cependant, sur la scène
internationale, les artistes africains se font étouffer par les artistes
européens et américains qui disposent de ressources pour se faire mieux
connaître dans le monde des arts grâce à des galeries d’arts, des expositions
ou des évènements artistiques.
Parmi les artistes africains ont participé à
cet événement artistique, Souleimane Barry, né au Burkina Faso en 1980. Il peint des
toiles oniriques, riches en symboles, de la diaspora africaine et de
l'imaginaire collectif. Son esthétique a été influencée par les toiles de
Francis Bacon et de Jean-Michel Basquiat.
Cette œuvre de Souleimane Barry, intitulée Mal
Chaussé, illustre bien la manière dont elle peint ses toiles. Les éléments
oniriques tels que les personnages déformés (pas de tête, juste un masque, bras
étrange, pas de jambes) s’inspirent du surréalisme en donnant le primat à l’imagination
et l’irrationnel, tout en traduisant un éclatement de la personnalité, révélateur
des traumatismes de toute migration. Le tableau marque la rencontre entre deux
mondes, l’Afrique et l’Europe : la femme, assise à gauche du tableau, connote
l’Afrique, les oiseaux la luxuriance des forêts tropicales, quand les fils
barbelés évoquent plutôt les frontières, ou les camps européens où l’on place les
migrants, l’idée d’un voyage ou d’un passage difficile d’une vie à une autre.
La femme, qui n’a pas deux chaussures identiques, porte les signes de sa misère,
en même temps qu’elle a encore un pied dans le monde qu’elle vient de quitter
et qu’elle n’est pas encore arrivée dans celui qu’elle cherche à atteindre.
Delphine Desane, née en 1988 à Paris, a été styliste
de mode pendant 10 ans à Paris, Milan et New York, elle a commencé à peindre
pendant le congé de maternité, et à partir de là sa carrière a changé de
chemin. Elle commença donc à se consacrer entièrement au monde des arts où dans ses
portraits féminins, elle s’inspire de sa propre
expérience de mère et de femme noire. Issue de parents haïtiens, elle peint des
sujets de la diaspora africaine et caribéenne, en majorité des femmes, qui
pourraient lui être apparentées.
On
peut voir au premier plan une première femme buste de face, visage de profil, vêtue
d’une robe blanche, le visage fermé, se touchant d’une main l’extrémité de ses
cheveux longs et frisés lui revenant sur la poitrine. Elle se détache sur un
fond aux couleurs très vives, où un rouge presqu’oppressant domine. Comme seule
et hypothétique échappatoire, une toute petite fenêtre, d’un bleu azuré ou
océanique en haut à droite. Superposant les plans, Delphine Desane représente au-dessus
de son épaule gauche une autre femme (ou la même ?), nue, couchée sur le
dos, comme perçue de haut par quelqu’un qui la surprendrait en plein sommeil
dans son lit. Image d’une intimité surprise ? De l’ensemble se dégage une
impression de sensualité féminine, mais aussi d’angoisse, teinté de mystère. Quelle
est la cause de ce profond chagrin qu’évoque le titre du tableau : Deep
sorrow ?
Cristiano
Mangovo, né en 1982 en Angola, vit et travaille à Lisbonne, au Portugal.
Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Kinshasa, en République démocratique du
Congo, il a reçu une formation complémentaire en scénographie et performance
urbaines.
Cristiano Mangovo, The Murmurers
La représentation des êtres et des choses est ici fondée sur des visions angoissantes, cauchemardesques, en raison du processus de déformation du réel mis en œuvre par le peintre. Cette espèce de stylisation cherche à atteindre une grande intensité expressive. Cristiano Mangovo cherche en effet à libérer l'inconscient et il possible de voir, à travers cette esthétique de la monstruosité, un art de la protestation, avec une orientation sociale.
L'art est indéniablement vecteur d'interculturalité. Vous avez artistiquement loué l'art contemporain en nourrissant également nos sens visuels. (Dominique JUPITER V.)
RépondreSupprimerBravo pour cet article très bien écrit sur ce que l'art africain peut apporter et dévoiler ! L'art africain doit davantage rayonner dans le monde, c'est certain :)
RépondreSupprimer