Ecoutez le PODCAST !
Article original de Shiara Joaquim et Thaïs Galiano
(Pour la version en langue portugaise, voir ci-dessous)
C’est avec enthousiasme que nous célébrons chaque année le Mois de la
Francophonie qui, partout à travers le monde, a pour but de promouvoir la
langue française et ses valeurs dans un magnifique contexte de diversité
culturelle. Pour cette occasion, nous partagerons avec vous notre article qui rappelle
combien il y a encore à faire en faveur de l’égalité
femmes et hommes, cause majeure défendue depuis 20 ans par l’Organisation
Internationale de la Francophonie, en République démocratique du Congo.
Dans la République démocratique du Congo, les hommes sont un danger pour de
nombreuses femmes. Les cas de violences domestiques ont explosé depuis le début
de la pandémie du coronavirus, ce qui ne fait que révéler de manière plus
criante une situation qui lui préexistait.
Le Congo est une société patriarcale où la culture veut que les femmes
“appartiennent” aux hommes, comme en témoigne l’obligation pour la famille
du mari de verser une dot au moment du mariage. Des femmes de tous âges sont
victimes d'esclavage sexuel et deviennent la « propriété » d'un ou plusieurs
agresseurs, leurs maris, des membres de leur famille ou même des hommes
inconnus. Des femmes et des jeunes filles sont violées sur les routes, dans les
champs ou chez elles, et même des familles allant à l'église sont parfois
victimes d’agressions sur le chemin.
La discrimination à l’égard des victimes de viol est très répandue et
celles-ci sont souvent rejetées, voire insultées et menacées, par leur
entourage. Un grand nombre de femmes victimes de viol sont brutalement
abandonnées par leur mari, et ont donc à s’occuper seules de leurs enfants. Ce
rejet semble largement découler d’attitudes moralistes qui considèrent que les
femmes sont d’une certaine manière « responsables » de ce qui leur est arrivé.
Elles sont souvent considérées comme méprisables ou « sales » à cause de la
forme de violence dont elles ont été l’objet. Les enfants qui naissent à la
suite d’un viol doivent aussi faire face à une grave discrimination.
Ainsi, cette violence acceptée paraît bien fondée sur le genre,
c’est-à-dire fondée sur les rôles sociaux attribués aux hommes et aux femmes
dans la société.
Quelles en sont les conséquences des violences exercées à l’égard des
femmes ?
Les conséquences des violences à l’égard des femmes sont nombreuses à long
terme : par exemple, des blessures physiques qui parfois aboutissent à des
infirmités, l'analphabétisme, une mort subite, le faible pouvoir de la femme
sur son corps et son avenir. Les femmes violées, infectées au VIH / SIDA ou
autres, porteuses d’enfants issus du viol, rejetées par la communauté, portent en
silence une grande souffrance, dont certaines culpabilisent. Les études ont
montré que la violence subie par les femmes leur cause un déséquilibre émotionnel.
L’expérience du viol ou d’une agression sexuelle peut également entraîner un
comportement suicidaire dès l’adolescence, d’autant plus en ces temps de crise
sanitaire qui a précarisé leur mode de vie. Il revient aux autorités de la RDC de
mettre en place des structures appropriées pour une prise en charge médicale,
psychosociale, et juridique de ces problèmes.
Une association au cœur du combat : la « Dynamique des Femmes
juristes » (DFJ)
La DFJ est une association féminine à but non lucratif de droit congolais qui défend les droits d’intégrité corporelle et d’autonomie des femmes qui œuvre afin qu’elles ne subissent plus de violences sexuelles, qu’elles aient des droits égaux en droit de la famille, et qu’elles aient la liberté et la possibilité de travailler.
Dans ce but, la DFJ a exécuté le projet “KIJIJI SAWA” qui contribue à
l’amélioration de la sécurité des femmes et des filles contre la violence, à
travers l’engagement des hommes, par la transformation des normes et pratiques
sociales discriminatoires à l’égard des femmes et des filles et l’assistance
juridique et judiciaire gratuite en faveur des femmes et filles ayant survécu à
la violence dans les zones ciblées par le projet en province du Nord Kivu, à
l’Est de la République Démocratique du Congo. Le projet travaille avec les
hommes pour les pousser au changement de comportement et à l’utilisation de
leur influence au bénéfice de la construction des sociétés égalitaires où les
femmes et filles seront à l’abri des violences. La DFJ apporte l’assistance
nécessaire aux survivantes et survivants des violences sexuelles et fondées sur
le genre, aux témoins et à leurs dépendants pour l’ensemble des affaires
prévues. Cette assistance comprend les déplacements, la restauration et le
logement de 30 victimes et de plus ou moins 50 dépendants (parents des
victimes) et témoins. Cette action s'étend
depuis 2018.
Une audience foraine du tribunal de Grande Instance de Goma (TGI-Goma)
s’est ouverte le vendredi 30 novembre 2018 dans l’agglomération de Kiwanja,
territoire de Rutshuru, zone de santé de Rutshuru, province du Nord Kivu à
l’Est de la République Démocratique du Congo. Elle a été rendue possible grâce
à l’appui financier et logistique de la DFJ dans le cadre du projet VSBG-SF/GL
financé par le Fonds Social de la RDC. L’objectif de cet appui est de
permettre au tribunal de traiter avec célérité les dossiers relatifs aux violences
sexuelles et ainsi de permettre aux victimes d’obtenir justice et réparation.
Il s’agit de rapprocher la justice des justiciables afin que cela serve de
leçon pédagogique et de mesure dissuasive pour les auteurs et potentiels
auteurs des actes de violence sexuelle et réconforte les victimes, leurs
familles et les communautés affectées et meurtries par la violence.
Justine RIZIKI est une femme vivant dans la communauté de Munigi en
territoire de Nyiragongo. Grace aux sensibilisations des équipes de la DFJ,
cette mère de famille est désormais heureuse de vivre en ménage depuis les
changements positifs dans le comportement de son mari qui valorise de plus en
plus sa femme.
Un programme conjoint de l’Organisation des Nations
Unies (ONU)
Un programme conjoint de l’ONU pour lutter contre la prévalence de la violence
sexuelle à l’est de la RDC a été mis en place. Coordonné par le Programme des
Nations Unies pour le Développement et financé par le gouvernement du Canada à
hauteur de 15 millions d'euros, le projet préconise un suivi complet des
victimes, englobant tous les aspects médicaux, psychologiques, judiciaires,
familiaux, sociaux, politiques, législatifs, éducatifs et économiques.
Julie a juste 10 ans. Elle est l’une des patientes de la clinique juridique
de Muganga, au nord Kivu, dont le rôle est d’accompagner et redonner espoir aux
victimes de violences sexuelles. Le père de Julie n’a pas compris ce que sa
fille avait subi et a décidé de la punir en la privant d’éducation. La mère
explique : « Il croyait qu’elle voulait jouer à la maman en allant avec un
garçon. Alors il a dit que, si elle voulait faire la maman, elle n’irait plus à
l'école.” Le violeur, quant à lui, n’a même pas 18 ans et est en maison de
rééducation pour mineurs. La plupart des coupables sont des jeunes désœuvrés (le
taux de chômage dans la région est d’environ 85%).
C’est pourquoi le programme consacre aussi des ressources pour la
prévention et la sensibilisation pour changer les comportements, et permettre
la réinsertion dans une communauté qui, traditionnellement, rejette les
victimes de crimes sexuels.
La clinique juridique de Muganga a ainsi mis en place des sessions
d’information pour les femmes mais aussi pour les leaders communautaires et les
chefs locaux. C’est de cette manière que la mère de Julie a découvert la
clinique, et compris qu’il y avait une solution pour aider son enfant. Grâce
aux efforts de médiation de la clinique, Julie a retrouvé le chemin de l’école
après quatre mois d’absence.
Comment fonctionne ce programme?
Les victimes sont d’abord conduites à l’hôpital pour une assistance
médicale. Les médecins établissent un compte-rendu, qui sert de preuve légale
lors des procédures juridiques. Les victimes bénéficient aussi d’une écoute
psycho-sociale et peuvent décider de porter plainte à travers la clinique
juridique. Souvent l’affaire est portée aux tribunaux après instruction du
dossier et le processus juridique est suivi de près par la clinique.
Malheureusement, les victimes hésitent souvent à signaler les violences
sexuelles, par manque de confiance en la justice ou par crainte d’être
stigmatisées.
On fait le silence pour toutes les femmes qui se font “attaquer” par leur
mari. Notre souhait est que les cours et les tribunaux fassent réellement leur
travail, qu’ils condamnent les auteurs conformément à la loi.
Réclamons prioritairement l'arrêt de cet abus sur les femmes congolaises.
Réclamons le droit à la liberté et à la paix pour les femmes dans leur mariage.
Sources (cliquer sur le lien) :
DFJ RDC
Université Libre de Bruxelles
UNPD
Amnesty International
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A Francofonia e a luta contra a violência feita às mulheres
É com entusiasmo que celebramos todos os anos o mês da Francofonia, que, em todo o mundo, tem como objetivo promover a língua francesa neste magnífico contexto de diversidade cultural. Para esta ocasião, compartilharemos com vocês o nosso artigo que promove a implementação de compromissos nacionais e internacionais em favor da igualdade entre mulheres e homens.
Na
República Democrática do Congo, os homens se tornaram um perigo para muitas
mulheres. Os casos de violência doméstica explodiram desde o início da pandemia
do coronavírus. O Congo é uma sociedade patriarcal onde a cultura é de que as
mulheres “pertencem” aos homens, como evidenciado pela obrigação da família do
marido pagar um dote na altura do casamento. Mulheres de todas as idades são
vítimas de escravidão sexual e tornam-se “propriedade” de um ou mais abusadores,
sejam seus maridos, familiares ou mesmo homens desconhecidos. Mulheres e
meninas são estupradas nas estradas, nos campos ou em suas casas, e as famílias
que frequentam a igreja foram agredidas.
A
discriminação contra as vítimas de estupro é generalizada e muitas vezes elas
são rejeitadas, até mesmo insultadas e ameaçadas, por aqueles que as cercam.
Muitas das vítimas foram brutalmente abandonadas pelos maridos e, portanto,
precisam cuidar sozinhas dos filhos. Essa rejeição parece originar-se em grande
parte de atitudes moralistas que consideram as mulheres de alguma forma
"responsáveis" pelo que lhes aconteceu. Muitas vezes são vistos como
desprezíveis ou "sujos" devido à forma de violência a que foram
submetidos. Crianças nascidas em consequência de estupro também enfrentam
discriminação severa.
A violência passa a ter
como base o gênero, ou seja, a partir dos papéis sociais atribuídos a homens e
mulheres na sociedade.
Quais são as consequências ?
As consequências da violência doméstica são numerosas a longo prazo: por exemplo, lesões físicas que por vezes levam a enfermidades, analfabetismo, morte súbita, o fraco poder da mulher sobre o seu corpo e o seu futuro. As mulheres estupradas, infectadas com HIV / AIDS ou outras, portadoras de filhos resultantes de estupro, rejeitadas pela comunidade, carregam em silêncio grande sofrimento, alguns dos quais as fazem sentir-se culpadas. Estudos têm demonstrado que a violência vivida por mulheres causa desequilíbrio emocional. A experiência de estupro ou agressão sexual também pode levar a comportamento suicida desde a adolescência devido à crise de saúde que tornou seu modo de vida precário. Cabe às autoridades da RDC criar estruturas adequadas para atendimento médico, psicossocial e responsável legal por esses problemas.
A DFJ, Dynamique des Femmes Juristes, é uma organização de mulheres sem fins lucrativos de direito congolês que defende os direitos à integridade e autonomia corporal, a não ser submetida à violência sexual, a ter direitos iguais no direito da família e ao trabalho.
No entanto, a DFJ executou o projeto “KIJIJI SAWA” que contribui para melhorar a segurança de mulheres e meninas contra a violência, por meio do engajamento de homens, transformando normas sociais discriminatórias e práticas contra a violência de mulheres e meninas e assistência jurídica e judicial gratuita para mulheres e meninas que sobreviveram à violência nas áreas visadas pelo projeto na província de Kivu do Norte, no leste da República Democrática do Congo. O projeto trabalha com os homens para influenciá-los a mudar seu comportamento e usar sua influência para ajudar na construção de sociedades igualitárias onde mulheres e meninas estão livres da violência. A DFJ fornece a assistência necessária a sobreviventes de violência sexual e de gênero, testemunhas e seus dependentes para todos os casos planejados. Esta assistência inclui viagens, alimentação e alojamento para 30 vítimas e mais ou menos 50 dependentes (familiares das vítimas) e testemunhas, ação prorrogada desde 2018.
Uma audiência de feira do Tribunal de Grande Instance de Goma (TGI-Goma) foi aberta na sexta-feira, 30 de novembro de 2018, na aglomeração de Kiwanja, território Rutshuru, zona de saúde de Rutshuru, província de Kivu do Norte, no leste da República Democrática do Congo. Isso foi possível graças ao apoio financeiro e logístico da Dynamique des Femmes Juristes (DFJ) no âmbito do projeto VSBG-SF / GL financiado pelo Fundo Social da RDC. O objetivo do apoio é permitir que o tribunal trate com agilidade os casos de violência sexual e possibilite que as vítimas obtenham justiça e reparação, para aproximar a justiça dos litigantes, de forma que sirva como lição educativa e como medida de dissuasão e potenciais perpetradores de atos de violência sexual e oferece conforto às vítimas, suas famílias e comunidades afetadas e feridas pela violência.
Justine RIZIKI é uma mulher que mora na comunidade de Munigi, no território de Nyiragongo. Graças à sensibilização das equipas da Dynamique des Femmes Juristes DFJ, esta mãe de família sente-se feliz por conviver desde as mudanças positivas no comportamento do seu marido que valoriza cada vez mais as mulheres.
Foi estabelecido um programa conjunto da ONU para combater a prevalência da violência sexual no leste da República Democrática do Congo. Coordenado pelo PNUD e financiado pelo Governo do Canadá no valor de 15 milhões de euros, o projeto defende o monitoramento abrangente das vítimas, abrangendo todos os aspectos médicos, psicológicos, judiciais, familiares, sociais, políticos, legislativos, educacionais e econômicos.
Julie tem apenas 10 anos. Ela é uma das pacientes da clínica jurídica em Muganga, Kivu do Norte, cujo papel é apoiar e dar esperança às vítimas de violência sexual. O pai de Julie não entendeu o que sua filha havia passado e decidiu puni-la privando-a dos estudos. A mãe explica: “Ele pensou que ela queria brincar de mãe saindo com um menino. Então ele disse que se ela quisesse ser mãe, ela não iria mais para a escola. " O estuprador, por sua vez, não tem nem 18 anos e está em um centro de reabilitação juvenil. A maioria dos culpados são jovens ociosos (a taxa de desemprego na região gira em torno de 85%).
É por isso que o programa também dedica recursos à prevenção e à conscientização para mudar comportamentos e permitir a reintegração em uma comunidade que tradicionalmente rejeita vítimas de crimes sexuais.
A clínica jurídica de Muganga organizou sessões de informação para mulheres, mas também para líderes comunitários e chefes locais. Foi assim que a mãe de Julie conheceu a clínica e percebeu que havia uma solução para ajudar seu filho. Graças aos esforços de mediação da clínica, Julie encontrou o caminho de volta para a escola após uma ausência de quatro meses.
Como é que este programa funciona ?
As vítimas são levadas primeiro ao hospital para assistência médica. Os médicos elaboram um relatório, que serve como prova legal em processos judiciais. As vítimas também se beneficiam da escuta psicossocial e podem decidir registrar uma queixa por meio da clínica jurídica. Freqüentemente, o caso é levado ao tribunal depois de investigado e o processo legal é monitorado de perto pela clínica.
Infelizmente, as vítimas muitas vezes relutam em denunciar a violência sexual, por falta de confiança no sistema de justiça ou por medo de serem condenadas.
Fazemos silêncio para todas as mulheres que são violentadas por seus maridos. O nosso desejo é que os tribunais realmente façam o seu trabalho, que condenem os perpetradores de acordo com a lei.
Como prioridade, exigimos o fim deste abuso contra as mulheres congolesas. Vamos reivindicar o direito à liberdade e paz para as mulheres em seu casamento.
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