samedi 27 mars 2021

L’ANGOLA, AU TOP TWENTY DES INEGALITES SOCIALE

L’Angola a du pain sur la planche

Article original en français

                                                                                                                                                                           Hassan Khalil

Classée au 147ème rang sur 189 pays et territoires selon l’indice de développement humain de 2018. Mauvais présage : l’Angola  souffre d’inégalités grandissantes. En effet,  près d’un quart de la population est au chômage et 36 % vit sous le seuil de la  pauvreté, selon le PNUD (Le Programme des Nations-Unies pour le développement). 

L’Angola, qui a connu une croissance économique rapide à partir de la fin de la guerre en 2002,  regorge d’importantes ressources naturelles. Il est le deuxième producteur de pétrole africain après le Nigéria,  la deuxième source de diamants en Afrique après le Botswana, et la quatrième au monde.  Selon le WFP (World Food Program), le PIB par habitant, qui a doublé pour passer de 2 079 dollars en 2002 à 4 164 dollars en 2014, a propulsé l’Angola au troisième rang des économies d’Afrique subsaharienne et au deuxième rang des producteurs de pétrole sur le continent, grâce à sa production et à ses prix élevés. Cependant, pour une grande partie de la population, la croissance économique rapide n’a guère contribué à améliorer la prospérité économique, le niveau de vie a peu évolué, engendrant d’importants déséquilibres et un grand taux de chômage (les chômeurs, surtout des moins de 25 ans, représentent 60 % de la population). 

Des réformes politiques

La Banque mondiale a identifié trois problèmes : la dépendance à l’égard des recettes pétrolières qui rend le pays vulnérable (le secteur pétrolier n’emploie que 1 % des travailleurs, d’où un taux de chômage de 26 %), la volatilité des prix, un système économique enclin à la corruption et un manque de diversification dans le marché du travail.

En effet, après les élections législatives de septembre 2017, un nouveau gouvernement a été formé au cours de la première passation de pouvoir pacifique depuis l’Indépendance. Ce dernier a lancé un certain nombre de réformes qui offrent une conjoncture propice à une croissance plus durable et plus inclusive qui puisse concourir des résultats croissants . Le nouveau gouvernement s’est engagé à instaurer la stabilité macroéconomique, à diversifier l’économie et à créer un environnement propice à une croissance durable et inclusive qui puisse se traduire par des résultats croissants.

Quelle mise en place de régime de change ? 

En 2018, l’adoption d’un nouveau régime de change plus flexible qui se fonde sur un programme triennal du Fonds Monétaire International, a entraîné une dépréciation de la monnaie et a réglé en partie la surévaluation du taux de change réel. L’écart entre le taux de change officiel et le taux de change parallèle s’est réduit à seulement 33 % en juillet 2018, contre 61 % avant l’abandon de l’ancrage au dollar. 

Par conséquent, l’économie n’offre des possibilités de développement qu’à une élite, déclarent les économistes. De même, l’industrie du diamant représente aussi une source de richesse pour le pays mais est souvent accusée de porter atteinte aux droits de l’homme en ne rémunérant pas correctement les heures supplémentaires imposées et en dégradant l’environnement. Ainsi, le sort de la population reste inquiétant. Et, pour créer de l’emploi, le gouvernement a fait voter une loi relative aux opérations de change  applicable au secteur pétrolier et réformé les règlements du secteur minier. Adoptée en novembre 2012, la loi réduit les taxes professionnelles de 35 à 25 %, ce qui entraîne d’importants investissements d’entreprises, notamment des producteurs de diamants De Beers et Sumitomo Corp qui ont construit une usine de production d’ammoniac et d’urée. Cependant le besoin d’agir demeure urgent.

Renforcer l’Education et  bannir les inégalités sociales et sexistes 

Le faible niveau d’instruction et la mauvaise qualité de l’enseignement empêchent les Angolais de participer à la vie économique et publique, et cela de façon disproportionnée pour les habitants des zones rurales et les femmes. Parmi les personnes âgées de 15 à 49 ans, 22 % des femmes n’ont jamais fréquenté l’école, contre 8 % seulement des hommes. Au niveau national, de nombreux enfants restent en dehors du système scolaire, les taux nets de scolarisation dans le primaire n’atteignant que 66 % pour les filles et 89 % pour les garçons. En Angola, la durée prévue de la scolarité d’un enfant qui commence l’école à l’âge de 4 ans est de 7,9 années. Ainsi le grand nombre d’angolais qui manquent d’éducation explique l’existence de travailleurs expatriés.

Les expatriés un atout ou un problème ? 

Selon les critiques, les investisseurs ne créent pas suffisamment d’emplois car ils importent la majeure partie de la main-d’œuvre de l’étranger. En 2008, le consulat angolais a délivré plus de 40 000 visas à des travailleurs chinois, indique World Affairs. Ainsi, la China International Trust and Investment Corporation a employé 12 000 travailleurs chinois et seulement une poignée d’Angolais pendant le pic d’activité du projet de développement de logements sociaux de la municipalité de Luanda, Kilamba Kiaxi. World Affairs  signale que si la majorité de ces travailleurs sont dans la construction, des milliers se tournent par la suite vers l’immobilier, la vente au détail. D’où l’urgence de trouver des politiques qui mettent l’enseignement et les lois de travail au cœur des projets gouvernementaux pour créer des opportunités aux originaires du pays.

L’agriculture un autre secteur à soutenir ?

Bien que le nouveau Gouvernement s’efforce de diversifier l’économie au niveau national, 68% environ de la population angolaise subsiste encore grâce à l’agriculture. Or, ce secteur se caractérise par de mauvais rendements, des prix bas, après d’importantes pertes et une faible rémunération de la main-d’œuvre. Cela s’explique notamment par l’insuffisance des investissements publics, les difficultés d’accès à des intrants de qualité, au financement, à l’information, à la technologie et aux marchés, ainsi que par la vulnérabilité face aux chocs climatiques et les inégalités entre hommes et femmes. Selon le  WFP, le Plan national de développement pour 2018-2022 met l’accent sur l’importance du développement agricole, de l’utilisation durable des ressources naturelles et d’une plus grande concurrence sur les marchés pour garantir la sécurité alimentaire dans le pays. Néanmoins, le Gouvernement reconnaît que les investissements et les compétences techniques du pays en recherche agricole et en analyse de la sécurité alimentaire restent insuffisants. D’où l’importance de mettre une stratégie nationale qui contribue au développement humain, économique et social de l’Angola : investir dans le développement rural, redynamiser l’économie et les infrastructures rurales.

Un futur alarmant

Malgré les efforts et les politiques de réformes employées dans le pays depuis bientôt deux décennies, la future jeunesse angolaise, parait-il, sera confrontée à des problèmes existentiels, selon l’indice de capital humain de la Banque mondiale, estimé à 0,36, en 2018, qu’en raison des niveaux d’inégalité élevés qui ne cessent d’augmenter, la future génération d’Angolais aura un faible niveau de capital malgré le boom économique que connaît l’Angola.

3 commentaires:

  1. Bravo pour cet article bien structuré. Il faut cependant garder espoir pour ce beau pays qu'est l'Angola (et ses habitants), qui effectivement, présente beaucoup d'atouts...La réussite viendra grâce à un énorme travail de réformes !

    RépondreSupprimer
  2. Merci Hassan pour cet article de qualité et qui fait l'analyse actuelle de la situation du pays depuis le dernier gouvernement en place. Un texte frais qui ne peut que laisser présager du renouveau pour l'Angola. C'est tout le mal que nous pourrions souhaiter à ce gouvernement. (Dominique JUPITER V.)

    RépondreSupprimer