samedi 27 mars 2021

Maltraitance des "enfants-sorciers"

Article original en français
(Pour la version portugaise, voir plus bas)

Radijia Bonzela Franco
Mamady Keita

La sorcellerie est une pratique magique qui vise à exercer une action, généralement néfaste, sur un être humain, sur des animaux ou des plantes. Cette pratique est très répandue en Afrique, plus précisément en Afrique de l’Ouest. On compte un large nombre d'individus qui y font appel, notamment des personnes à bout de force qui ne savent plus vers qui se tourner, ou qui, poussées par le désespoir, en viennent à consulter un marabout en espérant enfin avoir la solution à leur problème. Un marabout est en Afrique une personne connue pour ses pouvoirs de guérisseur.

Au premier abord, cette tradition peut sembler inoffensive, mais que savons-nous sur le nombre de vie détruites à cause de cette tradition ? Des milliers d'enfants sont abandonnés à leur sort, en raison de croyances liées à la sorcellerie, parce qu’on suspecte l’enfant d’être maléfique ou de porter un mal dont il convient de le purifier, et donc que l'on suspecte d’être un « sorcier », le plus souvent parce qu’il est victime de ce qu’on considère comme une anormalité (physique ou comportementale). En effet, en Afrique, beaucoup de parents désespérés laissent l’avenir de leurs enfants dans les mains des marabouts, dans le but le soigner, de le « rendre normal ». Pourquoi confient-ils leurs enfants à un inconnu ? Parce que c'est un savant, selon leurs références culturelles, quelqu'un qui impose le respect et dont la sagesse est impressionnante. Ses pratiques, qu'elles soient violentes ou pas, sont considérées comme un bien nécessaire. Ce bien nécessaire peut être une torture physique. Un enfant accusé d'utiliser de la sorcellerie contre les siens ou de porter en lui le malheur causé dans sa famille est torturé, brûlé, rejeté, abandonné et tué. Cela peut être choquant, mais dans certains cas, l'entourage estime que recourir au pouvoir du marabout est la meilleure méthode. 

Nous sommes donc confrontés à une triste réalité. Des milliers d’enfants, innocents, sont accusés de sorcellerie. 23 000 enfants en avril 2010 vivent dans les rues de Kinshasa parce qu’ils sont accusés de sorcellerie et 423 dans une ville du nord de l’Angola. 

Pourquoi sont-ils considérés ainsi ? Parce qu'ils sont handicapés, malades, différents ? Cela voudrait donc dire que si on est touché par l'épilepsie, la tuberculose, l'autisme ou bien le bégaiement, on serait un « sorcier » ? Ou peut-être même le fait d'être né prématuré. Si l’on forçait le trait, on pourrait aller jusqu'à dire qu'un enfant paresseux est un sorcier. N'est-ce pas absurde de les accuser ainsi ? Pourtant, 80% des jeunes âgés de 3 à 18 ans n'ont plus de toit familial. Ils sont soit expulsés soit poussés à s'enfuir de leur famille parce qu’elle s’est montrée violente envers celui qu’elle considère comme un « enfant sorcier ».

Les jeunes sont des proies parfaites aux yeux de la société. Ils ne peuvent contester ou s’exprimer, car la hiérarchie leur impose le silence. C’est leur parole contre celle d’un adulte, aussi obscurantiste qu’elle puisse être.

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A prática da feitiçaria é muito difundida no continente africano, faz parte de uma cultura e é uma crença do continente. Há um grande número de indivíduos associados a ela. Especialmente as que não sabem mais para onde se virar, ou que empurradas pelo desespero vêm a consultar um feiticeiro na esperança de finalmente encontrar a solução para o seu problema. Um "marabout" é uma pessoa conhecida por seus poderes de cura.


À primeira vista, essa tradição pode parecer inofensiva, mas o que sabemos sobre o número de vidas destruídas por causa dessa mesma tradição? Milhares de crianças abandonadas à própria sorte.

Em África,  muitos pais desesperados deixam o futuro de seus filhos nas mãos de marabus. Para eliminar uma dificuldade existente. Esta pode muito bem vir da natureza. Por que eles confiam seus filhos a um estranho? Porque ele é um estudioso aos olhos da cultura. Alguém de respeito e cuja sabedoria é impressionante. Suas práticas, violentas ou não, são vistas como um bem necessário. Esse bem necessário pode ser uma tortura física. Uma criança acusada de usar feitiçaria contra sua família ou de carregar o infortúnio causado em sua família é torturada, queimada, rejeitada, abandonada e morta. Isso pode ser chocante, mas em alguns casos as pessoas ao seu redor acham que é a melhor maneira.

Estamos, portanto, diante de uma triste realidade. Milhares de nossos filhos inocentes são acusados de bruxaria. 23.000 crianças em abril de 2010 viviam nas ruas de Kinshasa porque foram acusadas de bruxaria e 423 em uma cidade no norte de Angola.

Por que eles são vistos dessa forma? Porque são deficientes, doentes, diferentes? Então isso significaria que se você é afetado por epilepsia, tuberculose, autismo ou gagueira, você é um bruxo? Ou talvez porque tenha nascido prematuro. Vamos mais longe a ponto de dizer que uma criança preguiçosa é um bruxo. Não é um absurdo acusá-los assim?

No entanto, há 80% dos jovens com idade entre 3 e 18 anos, em média, que não têm mas casa de família onde viver. Eles são expulsos ou levados a fugir de sua família, que pode ser violento com uma "criança feiticeira".

Os jovens são presas perfeitas aos olhos desta sociedade. Eles não podem desafiar ou contestar porque existe uma hierarquia que prevalece. É a palavra deles contra a de um adulto. Assim como Nela, aos 6 anos, é acusada de bruxaria. Sua mãe preocupada requer ao serviço de um especialista tradicional que lhe garante que seus filhos carregam espíritos malignos dentro deles. Temerosa, a mãe afoga um de seus filhos e tortura sua filha menor de 10 anos. Hoje á menina está mais estável graças à significativa ajuda das freiras que a acolheram e cuidaram.

Nela é uma das vítimas muitas vezes esquecidas. Existe a Nela, mas também o Nelson como o Alex ou a Maria. Simples menores que desejam levar uma vida tranquila, sem perseguição, medo e vergonha. 


3 commentaires:

  1. Bonjour, c'est avec intérêt que j'ai lu le texte. Quelle est la ville citée en Angola, qu'en est-il de Luanda, la capitale ? Que deviennent ces enfants lorsqu'ils sont laissés dans la rue ? Enfin, j'aurais aimé savoir qui dans la famille de l'enfant porte cette tradition ? Le père, la mère, la famille élargie ?
    Merci pour ce texte !

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  2. Ce texte a suscité beaucoup d'intérêt en moi car quand je vois tes références qui datent de 2010, je suis curieuse de savoir quel est le constat fait de nos jours. Ce phénomène a t'il régressé ou au contraire s'est répandu encore plus, touchant même peut-être la capitale.
    Merci pour cet article car c'est encore un grain de sable dans ce monde immense de l'information mais qui permet d'appréhender le monde avec plus de lucidité. Merci Radijia (Dominique JUPITER V.)

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  3. Ce texte a suscité beaucoup d'intérêt en moi car quand je vois tes références qui datent de 2010, je suis curieuse de savoir quel est le constat fait de nos jours. Ce phénomène a t'il régressé ou au contraire s'est répandu encore plus, touchant même peut-être la capitale.
    Merci pour cet article car c'est encore un grain de sable dans ce monde immense de l'information mais qui permet d'appréhender le monde avec plus de lucidité. Merci Radijia et Mamady (Dominique JUPITER V.)

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